Le baptême ou la mort
Les massacres des juifs dans l’espace rhénan, à partir de chroniques hébraïques sur les croisades (XIe-XIIe siècles)
Textes hébreux établis et traduits par René Gutman et présentés par Aude-Marie Certin

Ed. de l'éclat, parution novembre 2024 ; 160 pages ; ISBN : 9782841627110 ; 22 €

Entre avril et juillet 1096, des Chrétiens, venus du Nord de la France, d’Allemagne et d’Angleterre, traversèrent la vallée du Rhin, répondant à l’appel à la croisade lancé par le pape Urbain II en novembre 1095. Sur leur passage, ils persécutèrent des centaines de juifs, hommes, femmes et enfants, en leur imposant la conversion ou la mort. Beaucoup périrent alors, tués au fil de l’épée, d’autres furent convertis de force et un grand nombre choisirent la voie du martyre et se donnèrent la mort, refusant de se faire baptiser. Ces massacres liées à la première croisade touchèrent en premier lieu les principales communautés juives du monde rhénan ashkénaze, à savoir Spire, Worms et Mayence, et les plus petites villes alentour, mais elles eurent aussi lieu à Cologne, Trêves et Metz, et plus loin encore, à Ratisbonne et Prague.

On estime que dans leur ensemble, les massacres liés à la première croisade dans le monde germanique, en Bohême et en Hongrie, ont fait environ 5 000 victimes. Jamais jusque-là, dans l’Europe du Nord-Ouest, les juifs n’avaient été victimes d’attaques d’une telle violence et d’une telle ampleur.

Il existe à la Bibliothèque de Strasbourg plusieurs manuscrits de chroniqueurs juifs des XIe et XIIe siècles, décrivant ces massacres et rapportant ces faits avec une terrible précision. René Gutman a retranscrit patiemment ces manuscrits et les a traduits en français. Sa traduction s'accompagne de la traduction de prières et lamentations, dont certaines par Jacky Milewski, Shimon Schuster et Néhémia Gangloff, qui portent sur ce massacre de 1096, et qui font partie encore aujourd'hui du rituel de ces régions. L'ouvrage est présenté par Aude-Marie Certin, spécialiste de l’histoire des communautés juives dans le monde rhénan au Moyen Age.

Ecouter l'entretien de Marc Alain Ouaknin avec R. Gutman et A-M. Certin, sur France culture.

Ecouter l'entretien de Ruben Honigmann avec R. Gutman sur Akadem

Le secret de la Torah
Abraham Ben Me'ir Ibn Ezra
Présentation, traduction et notes : René Gutman
Avec la collaboration de Tamar Ittah et Alain Lipsyc. Avant-Propos de Gad Freudenthal.

Ed. Les Belles Lettres, collection Sagesses médiévales - parution le 6 septembre 2024 ; broché, 3.5x21 cm, 354 pages ; EAN13 : 9782251456133 ; 29 €

Cette oeuvre que nous présentons ici ouvre une fenêtre singulière sur l’histoire hors du commun d’Abraham Ibn ʿEzra (1092-1167). Savant juif, tour à tour mathématicien, astronome, astrologue, philologue, mystique, poète et précurseur de la Kabbale, il maîtrisait l’ensemble du savoir antique et des cultures d’islam. Le très grand nombre de ses livres, couvrant de larges pans de la culture ibérique, entre la poésie, l’astrologie et l’astronomie, les mathématiques, les études calendaires et bien sûr l’exégèse biblique, ont assuré le passage du savoir juif oriental et andalou des terres séfarades aux communautés ashkénazes de l’Europe chrétienne et septentrionale. Incarnant de manière exemplaire la figure même de l’intellectuel juif médiéval, ce passeur érudit fut également l’un des plus grands commentateurs juifs de la Bible.

Le Secret de la Torah est une des oeuvres les plus étonnantes d’Ibn ʿEzra – et une des dernières. Ce texte qui pourrait servir aujourd’hui encore de guide, exégète audacieux et cependant fidèle d’une "féconde ambiguïté" (J. C. Attias), a intrigué plus d’un lecteur de son temps et a continué, à travers les âges, à susciter étonnement et commentaires. Invoquant la Raison, Ibn ʿEzra nous invite, comme dans un parcours initiatique, à lire la Bible sans préjugés ni dogmes, en quête du secret, le "sod" qui s’y loge et qu’il est, selon lui, de notre devoir et de notre qualité en tant qu’êtres humains doués de raison, de creuser, afin d’en extraire la vérité ultime.

"La lecture d’Ibn ʿEzra est notoirement difficile […], mais le grand rabbin René Gutman prend le lecteur par la main et le guide à travers cet écrit avec un sens didactique et une patience exemplaire. La traduction est accompagnée de notes détaillées qui soutiennent le lecteur continuellement" (extrait de l’avant-propos de Gad Freudenthal).

Croyance et Confiance
Émounah Oubita'hon du 'Hazon Ich
Traduit par René Gutman
Préface de Georges-Elia Sarfati

Ed. l'Harmattan, coll. Quête du sens – parution le 29 février 2024 ; broché, 13,5x21,5cm, 192 pages ; ISBN 978-2-336-43323-3 ; version papier : 20 €, version numérique (PDF) : 14,99 €

Jamais encore traduit en français, le livre emblématique du ‘Hazon Ich (Avrohom Yeshaya Karelitz, né à Kossava, Biélorussie, en 1878 et décédé à Bnei Brak en 1953), Croyance et Confiance - Émounah Oubita’hon est enfin présenté au public francophone. La traduction de ce livre donnera l’occasion au lecteur de découvrir un "Grand de la Torah", un des derniers talmudistes de génie du XXe siècle, dont la ligne de pensée qui traverse cet ouvrage, ne se limite pas exclusivement à l’aspect halakhique ou théologique des problèmes de la pensée juive, mais se révèle également, de façon inédite, sous l’angle de leurs implications existentielles.

Le livre de l'amélioration des qualités de l'âme
Salomon Ibn Gabirol
Introduction, traduction et notes : René Gutman
Préface de Paul B. Fenton

La Louve éditions – parution le 4 novembre 2022 ; broché, 14x20cm, 192 pages ; ISBN 978-2-916488-95-0 ; 15 €

Salomon Ibn Gabirol, philosophe néoplatonicien, et poète prolifique hébraïque de l'Espagne musulmane, est né à Malaga vers 1021/1022. Son livre de l'amélioration des qualités morales est un petit traité écrit dans un langage populaire. Les pages originales de cet ouvrage mêlent l'écriture cursive arabe à l'alphabet hébraïque, utilisé pour citer la Torah. L'auteur y a intercalé un grand nombre de sentences puisées dans la Bible, chez les auteurs profanes de l'Antiquité et chez les poètes arabes.

Ce texte contient de précieuses indications sur l'état de la pensée, du savoir et des valeurs au XIe siècle dans les communautés juives d'Espagne. Mais surtout, ce texte, écrit directement en arabe par un rabbin juif, et empruntant une partie de sa matière aux traditions grecques (on y lit un hommage au "divin Socrate"), chrétiennes ou musulmanes, témoigne d'une ouverture extraordinaire.

Signe de la coexistence, riche en savoirs, mais d'une période tout aussi tourmentée qui régna entre musulmans, juifs et chrétiens durant l'histoire médiévale d'Al-Andalus, la traduction de ce livre, écrit en arabe par un philosophe juif en terre espagnole, sous califat musulman, ne célèbre pas seulement le millénaire qui nous sépare de la naissance d'Ibn Gabirol (1021/1022-2022). Elle se veut témoignage, sinon des dialogues directs qui ont marqué ces diverses cultures, de leurs riches échanges et emprunts culturels, témoignage d'une époque que Roger Arnaldez qualifia d' "heureuse rencontre des esprits".


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