Ne tirez pas sur le dentiste Un nouveau polar du rabbin Jacquot Grunewald 12 mars 2025 - le livre de 176 pages est paru sur Amazon fr. (Format Kindle) ou Amazon com. en version papier ou numérique. De ce fait, il n'est pas en vente en librairie. Décidé à venger sa sœur Juliette, retrouvée morte d'une overdose sur le Cami dels Bon Homes, la route d'exil des Cathares, Fred Rousseau va sur place. Il a fixé rendez-vous à un dealer de la région, le jour de l'An à minuit, dans la station d'Ax-les-Thermes où un bassin, creusé naguère par Saint-Louis, devrait recueillir sa dépouille. Mais une dent infectée, que le vengeur avait eu tort de laisser pourrir, le fait souffrir. Elle l'empêcherait de mener à bien son dessein. Si bien qu'elle le contraint à se rendre le matin même chez le dentiste de service, personnage fantasque et jacasseur, vitupérant contre un officier de police de Foix qui le soupçonne du meurtre de son épouse prénommée Blanche. Celle-ci a disparu. Et précisément sur le Cami dels Bon Homes, apprendra Rousseau, alors qu'elle était à la recherche du trésor des Cathares, emporté par les derniers d'entre eux, après la chute, en 1244, de leur fief, le Château de Montségur. Rousseau refuse de voir dans cette occurrence le fait du hasard. Parce que si Juliette a trouvé la mort sur le Cami dels Bon Homes, c'est parce qu'elle avait rejoint un groupe de pseudo ou de nouveaux Cathares, qui pèlerinaient périodiquement dans les ruines du château reconstruit sur le mont Ségur, pour y célébrer la mémoire des "bonnes gens". Les dates de ces pèlerinages étaient marquées d'un coup de crayon sur un petit "calendrier israélite" que Rousseau et sa mère avaient eu la surprise de découvrir dans les affaires de la jeune fille. L'étoile de David à six branches sur la couverture avait servi de talisman un peu partout dans le monde, bien avant de devenir le symbole des Juifs. Avait-elle pu l'être, aussi, des Cathares ? Mais il s'agissait d'un calendrier "israélite"! Pas d'un calendrier cathare! Et le patient se rappelait que dans le flot de ses imprécations, le dentiste s'en était pris à l'amant de sa femme, qu'il avait traité de "sale anti…" avant de se reprendre, comme s'il était pris en faute, pour pester contre les "Cathares et leur maudit trésor." Le dealer avait payé. Mais il n'était qu'un rouage parmi d'autres dans l'empire de la drogue. Pour retrouver le caïd qui, dans la région, leur livre la drogue, Rousseau croit tenir deux pistes. La police n'avait pas fait le rapprochement entre la disparition de Blanche sur le Cami dels Bon Homes et la mort de Juliette sur la même route. Il est le seul à savoir; le seul qui va suivre deux pistes: Une piste antisémite et une piste cathare… Avant d'être la victime d'une troisième. Qui prouvera, une fois de plus, qu'il n'existe pas de saloperie à géométrie variable. Un salaud reste un salaud.

D'abord furieux à la vue des manifestants qui bloquaient l'allée et l'empêchaient de se rendre dans le vieux Foix, Rousseau bénit le sort en voyant de quoi il retournait. Un coup de chance inouï ! Il eut vite fait de repérer le meneur, la quarantaine, grand, cheveux au vent, blouson et jean – qui tenait un porte-voix. Il se montra agressif, provoquant…- C'est scandaleux ! Vous n'avez donc rien appris ? Crier "Israël assassins" en pleine rue ! Vous ne savez pas où ça a conduit l'antisémitisme de grand-papa" ? L'homme parut surpris. Il s'arrêta comme si une pierre l'avait frappé. - Mais on n'est pas antisémites ! Il n'y a pas un mot contre les Juifs…" Il prit Rousseau par l'épaule, l'entraîna dans sa marche. "Nous protestons contre les crimes d'Israël, dit-il, ça n'a rien à voir avec les Juifs." - Je vous ai vus à Paris, l'été dernier (*). Pas vous personnellement... Je vous ai tous vus et entendus. A la République, la veille du 14 Juillet… Vos copains, ils gueulaient : "Mort aux Juifs". Vos drapeaux rouges-là, ceux de la CGT et l'autre…ils étaient mélangés avec les chiffons du Hamas et du Daesh ! Après, ils sont allés attaquer des synagogues…
- Ecoutez, Monsieur…"

L'homme s'interrompit. En direction d'un groupe qui ne maintenait pas les distances, il traça de sa main gauche une série de demi-cercles, en criant : "Desserrez, desserrez…" Puis, à l'arrière, sur sa gauche : "Victor et toi qui fais le joli cœur, écartez-vous… On voit rien sur la banderole…" Il reposa la main sur l'épaule de Rousseau. Accentua la pression : "Vous voyez le type, avec la casquette grise, celui qui a un anorak, il s'appelle Lévy… Il est juif. C'est un ami. Alors, ne venez pas dire qu'on est antisémites… Et d'abord, on a tout vérifié ce matin ; On a éliminé toutes les banderoles qui faisaient problème ! - Et la pancarte… L'étoile de David avec la croix gammée… C'est quoi ?
- Eh bien, c'est l'étoile du drapeau d'Israël ! On n'est pas antisémites, on est antisionistes.
- A d'autres ! Vous personnellement, je ne sais pas. Mais vous devez bien avoir par ici un antisémite qui vous excite…
- Je vous dis que non. Il n'y a pas d'antisémites. On est anti‑sionistes, on est tous ANTI‑SIONISTES que cela vous plaise ou non" ! Sur quoi, il dépassa Rousseau d'un pas rapide, signifiant qu'il s'en tenait là et reprit, plus fort, pour redonner cœur à ses gens : "Israël nazi – Israël assassin…Israël…"

C'était loupé. Ils n'étaient qu'antisionistes ! C'est ce qu'ils disent. Les droits des gens en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, au Tibet ou au Nigeria… ils s'en balancent... Il n'y a que la Palestine. Parce qu'ils sont "antisionistes" ! Et si… et si le dentiste… Mais oui, si le dentiste avait dit "antisioniste" ? Rousseau s'était figé. Il n'entendait plus les cris de la place, Il essaya de se rappeler. Le Vallonay n'était plus le même après ses whiskys… Il s'énervait, cafouillait. Il parlait de la tribu des Levinas… non, de la tribu des "Lévi"… et de "la sale gueule de ce salaud"… Il a dit "cette saleté d'anti…" mais il n'a pas terminé le mot. Il s'est repris comme s'il en avait trop dit. "Je m'égare…" s'est-il excusé… Mais il n'a pas dit "sémite" ! Il a pu vouloir dire "cette saleté d'antisioniste…" Pourquoi pas, après tout, puisque c'est la mode et qu'on les reçoit 5 sur 5 dans les Universités et ailleurs ? Alors, à Chaperon rouge, je ne vais pas parler d'"antisémites". Je vais demander s'il y a des "antisionistes" à leurs réunions. Des antisionistes…

1. Les 13 et 14 juillet 2014, lors de manifestations de soutien au Hamas, des slogans tels que "Mort aux Juifs" ou "Juifs dehors" ont été scandés. Des manifestants ont tenté de pénétrer à l'intérieur de synagogues, menaçant les fidèles, en particulier rue de la Roquette, à Paris.

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