Son histoire est liée à la figure emblématique
de Laure Weil qui a fondé en 1908 le "Home Israélite de
Jeunes Filles" et c'est pour perpétuer son souvenir qu'en
1953 il fut dénommé "Home Laure Weil" ; c'était
juste un an après sa disparition.
Vous propose :
Un hébergement en chambre double ou simple.
Un cadre agréable avec Salle de travail,
Salon Télé, Cuisine collective équipée,
Caféteria...
La possibilité de prendre les repas de midi au Restaurant universitaire
strictement cacher situé au rez-de-chaussée.
Vers l'âge de 18 ans, Laure Weil, qui était née en
1875, fut très vite sensibilisée, elle qui évoluait dans
un milieu aisé, par le sort réservé aux jeunes filles juives
souvent issues de la campagne alsacienne. Elles n'avaient pas d'autres
horizons qu'un travail pénible dans de petits commerces ou un placement
dans des familles où leur traitement était souvent révoltant.
En 1900, Laure Weil se décida à fonder la Société
de Bienfaisance "Les Abeilles", réunissant des jeunes filles
de la bourgeoisie qui acceptèrent de participer à un ouvroir.
Il s'agissait de confectionner un trousseau complet pour chaque enfant
indigent de la communauté. A partir de là, elle voulut aller plus
loin en cherchant à aider les jeunes filles venues à Strasbourg,
à leur faire apprendre un métier, à leur trouver un emploi
correspondant, à les suivre, à les ouvrir à la culture.
Et c'est ainsi qu'elle ressentit finalement le besoin de leur offrir
aussi un toit.
A partir de quand fut-elle en mesure de concrétiser son
projet ?
Laure Weil remua ciel et terre pour atteindre son objectif. Elle réussit
à convaincre de nombreux donateurs sur la nécessité de
créer un home pour jeunes filles. C'est ainsi que, le 12 janvier
1908, le "Home Israélite de Jeunes Filles" ouvrit ses portes
à Strasbourg dans un immeuble vénérable situé au
fond de la cour-jardin du n° 7 de la rue du Bouclier.
Combien de jeunes filles pouvaient-elles être accueillies dans cette maison
?
De huit adolescentes à l'ouverture, le nombre de pensionnaires
atteint quarante l'année suivante. Le home représentait
un véritable foyer pour les intéressées et grâce
à sa fondatrice il était possible de voir ce qu'une véritable
tzedakah, une bienfaisance authentique et désintéressée,
pouvait signifier. Son action répondait en effet à un besoin de
justice et d'équité sociale d'autant plus que la priorité
était toujours donnée aux orphelines et aux jeunes filles les
plus démunies. Malheureusement l'expérience fut interrompue
pendant la première guerre mondiale car Laure Weil dut fuir devant les
menaces allemandes de l'interner en raison de son attachement à
la France. Après ce conflit, le home fut réouvert le 1er octobre
1919 avec l'aide de Irène et de Fanny Schwab qui œuvrèrent
avec la même abnégation que Laure Weil.
Cette collaboration était-elle nécessaire en raison du développement
du home ?
Oui, bien sûr. En 1920 le home accueillait soixante pensionnaires et les
problèmes s'accumulaient. Les locaux s'avéraient désormais
trop petits et inconfortables. Certaines pensionnaires étaient aussi des
réfugiées d'Ukraine, de Pologne et de Lithuanie qui fuyaient
les terribles pogromes qui s'y perpétraient. Il fallait faire face
à des problèmes nouveaux et l'équipe en place avait
du pain sur la planche. Alors, avec Fanny Schwab, Laure Weil commença à
mettre au point, en 1925, un projet de construction d'un nouvel immeuble
mieux adapté à la situation.
Le projet concernait-il l'ancien immeuble ?
Non, il n'y avait pas de possibilités à ce niveau. Grâce
à leur force de persuasion, Laure Weil et Fanny Schwab obtinrent de la
municipalité le don généreux d'un terrain sis au
n° 11 de la rue Sellénick . La pose de la première pierre
eut lieu en septembre 1926 car des aides déterminantes arrivèrent
des Etats-Unis ainsi que des appuis locaux nombreux et conséquents. Finalement,
l'inauguration de l'immeuble à son emplacement actuel se
déroula en septembre 1928 comme un aboutissement après tant d'efforts
enfin récompensés.
Quelles étaient les caractéristiques du bâtiment ?
Il était conçu selon les vœux de l'équipe
qui a porté le projet. Un bâtiment spacieux dans lequel 106 lits
étaient prévus ainsi que des locaux propices à l'épanouissement
des pensionnaires et à l'instauration d'une atmosphère
chaleureuse et familiale. Deux sections avaient été prévues,
l'une pour les élèves et apprenties de 10 à 18
ans et l'autre pour celles qui travaillaient ainsi que pour les grandes
élèves et quelques étudiantes de plus de 18 ans. A partir
de 1933 et jusqu'en 1939, le home fut amené à accueillir
également des réfugiées d'Allemagne qui fuyaient
la terreur nazie.
Qu'advint-il du home pendant la Schoa ?
Le 1er Septembre 1939, les juifs d'Alsace furent chassés de chez
eux. Laure Weil et aussi Fanny Schwab, qui était directrice du Home à
cette époque, trouvèrent refuge à Périgueux
où elles se consacrèrent à une action considérable
organisée sous le vocable d' "Œuvres
d'Aides Sociale Israélite aux populations évacuées
d'Alsace et de Lorraine" (O.A.S.I.) Leur réseau d'assistance
couvrit finalement la France non occupée toute entière. Leur dévouement
et leur efficacité furent mémorables pour toutes celles et tous
ceux qui en bénéficièrent en particulier les nombreux enfants
qu'elles réussirent à cacher. Les orphelins de Strasbourg
et Haguenau furent hébergés à Bergerac dans des conditions
satisfaisantes jusqu'en janvier 1944 et personne n'a oublié
l'impulsion qu'avait su donner à de telles actions le regretté
Grand Rabbin
Abraham Deutsch.
Après la guerre, le bâtiment de la rue Sellénick a-t-il
pu être récupéré ?
La Gestapo, qui avait occupé les lieux, avait transformé l'intérieur
de la maison en y aménageant des bureaux, des salles de torture et des
cellules. Laure Weil réintégra ainsi dans la tristesse "sa
maison". Elle avait le cœur brisé en contemplant les dégâts
et les taches de sang qui maculaient les sols et les murs. De plus, sa santé
s'était dégradée et elle put s'appuyer sur
Fanny Schwab pour tout reconstruire. Dans un temps record le home fut réparé
et réaménagé pour pouvoir à nouveau accueillir des
jeunes filles nécessiteuses à la recherche d'un toit. C'est
ainsi que le home rouvrit ses portes dès novembre 1946.
Quelle fut alors son organisation ?
La remise en état a été rendue possible grâce à
l'aide de l'administration concernée et au soutien de nombreux
amis. Le système mis en place par Laure Weil fut reconduit puisque les
locaux furent répartis entre les "cadettes" qui occupaient
les dortoirs et les "grandes" étaient dans des chambres d'un
ou deux lits. Toutes se retrouvaient ensemble dans la salle à manger.
Fanny Schwab était animée de la même flamme que Laure Weil
et son principe fondamental consistait à dire : "Qu'est ce
que vivre sinon agir pour les autres ?". A partir de 1946, ce furent aussi
des jeunes filles qui avaient perdu leurs parents en déportation qui
fréquentèrent ce lieu qui représentait pour elles en particulier
une nouvelle famille et la garantie de pouvoir vivre pleinement un judaïsme
authentique. La casherouth était toujours assurée et la célébration
du Shabath s'affirmait
comme un moment intense et convivial. Les jours de fête d'inoubliables
jeux étaient organisés comme par exemple à Hanouka
ou à Pourim.
Les jeunes filles de la campagne alsacienne venaient-elles encore à
Strasbourg ?
Après la guerre, ces jeunes filles se firent rares car le système
éducatif leur permettait désormais de trouver un collège
et un lycée beaucoup plus près de chez elle ainsi que des facilités
pour les rejoindre en car. C'est ainsi que la section des "cadettes"
finit par devenir inutile. L'origine des pensionnaires était très
variée. En 1956 des jeunes filles d'Egypte arrivèrent à
Strasbourg, puis surtout du Maroc et, en 1962 d'Algérie.
Il fallait s'adapter à ces nouvelles situation et c'est l'esprit
du Home Laure Weil qui permit de répondre aux attentes si diverses. D'une
manière générale, à partir de 1964, la poussée
vers les villes amena ainsi des jeunes filles de 17 à 18 ans à
venir à Strasbourg pour y suivre une formation professionnelle ou universitaire.
C'est ainsi que, sous l'impulsion du Dr
Joseph Weill, Président du Consistoire Israélite du Bas-Rhin
et de Me René Weil, Président
de la Communauté Israélite de Strasbourg, le Comité du
Home Laure Weil accepta d'accueillir au printemps 1965 le Restaurant Universitaire
tout en maintenant le foyer pour les jeunes filles de plus de 18 ans. A cet
égard, il faut noter que 3 ans plus tard les événements
de mai 1968 auront profondément marqué les esprits puisque la
cité universitaire a été la seule en France à avoir
été occupée par les étudiants !
Quelle est la situation actuelle du Home Laure Weil ?
Dans les années 80,
l'état du bâtiment était dégradé et
entraînait de gros travaux. De plus le nombre de pensionnaires avait sensiblement
baissé et n'en comportait plus qu'une trentaine. Cette situation
a amené le Home à louer l'essentiel des bâtiments
à l'ORT
qui, pour un loyer symbolique, s'est engagé à prendre en
charge tous les travaux et les frais que cela comporte. Si l' ORT est
chargée de la gestion des locaux, le Comité du Home Laure Weil
poursuit son rôle social auprès des résidentes. Il dispose
d'une trentaine de lits et fait bénéficier nombre de jeunes
filles d'une aide spécifique, fonction de la situation de chacune
de leur famille. Ces jeunes filles trouvent aussi une véritable vie juive
et familiale. A l'occasion des fêtes, le Comité organise
des rencontres conviviales autour d'un repas.
Heureusement, le Home compte nombre d'amis qui connaissent l'Institution
et parmi eux, de nombreuses femmes qui à une époque ou à
une autre, ont séjourné dans ce bâtiment. Pour préserver
l'avenir de l'œuvre entreprise par Laure Weil et Fanny Schwab,
les aides sont indispensables. C'est ainsi que le 16 novembre 2003, le
Home a tenu à exprimer toute sa gratitude à l' ARIF (Association
pour le Rétablissement des Institutions et œuvres Israélites
de France) présidée par Monsieur Philippe Baumann dont la générosité
contribue au bon fonctionnement du Home. Il ne faut pas oublier que d'anciennes
résidentes participent aussi, par leur action, au bon fonctionnement
de l'Institution. Leur exemple doit servir à celles qui vont suivre.