Le château des Rohan de Saverne a été le cadre, le 23 juin 2003, d’une cérémonie particulièrement émouvante. Il s’agissait de remettre à titre posthume la médaille des justes à l’Abbé Robert BENGEL.
Le maire de Saverne, Thierry CARBIENER a accueilli la nombreuse assistance en insistant sur l’importance de cette reconnaissance témoignée à un homme qui a accompli son devoir d’homme tout simplement.
Monsieur CERF, délégué du Mémorial Yad Vashem, a insisté sur la rigueur qui préside dans la démarche aboutissant à une telle cérémonie et a présenté l’action exemplaire que mène l’institution qu’il représente dans l’accomplissement du Devoir de Mémoire..
Les Justes parmi
les Nations
Décerner la médaille des justes aujourd’hui, A.K.
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Plusieurs témoignages ont été communiqués sur l’action de l'Abbé BENGEL. Ainsi d’anciens élèves de l’école dont l’abbé était l’aumônier et qui s’était repliée à Solignac, ont évoqué son inlassable engagement dans la résistance. Comme dit M. BECK, il organisait l’accueil sur place de réfugiés, évadés, réfractaires au STO ou résistants en mission n’hésitant pas à leur prêter son lit s’il ne trouvait pas de places ailleurs. C’est à cette époque qu’il reçu son surnom d'abbé "Marche ou Crève", tellement sa détermination était totale, tellement sa capacité de décider était rapide et définitive.
Certains des enfants juifs qu’il avait sauvés étaient présents comme M. C. ACH de Sélestat qui fut l’initiateur de cette cérémonie. M. Claude HEMMENDINGER de Srasbourg a évoqué quant à lui la façon dont l’Abbé BENGEL s’était occupé de lui et de bien d’autres réfugiés, comment il a réussi à cacher des dizaines d’enfants comme il s’était, de lui-même engagé à le faire auprès du Dr Gaston LEVY qui s’occupait de l’OSE dans la région. Il n’a pas oublié que l’abbé avait demandé au Dr Gaston Lévy le texte hébraïque transcrit en lettres latines du "Hamalokh Hagoël", la prière que récitent les enfants juifs avant de dormir et qu’il voulait continuer à leur faire réciter.
Enfin, des représentants de l’évêché ont souligné la grandeur d’âme de l’abbé qui, bien avant Vatican II, a su respecter l’identité juive en sauvant tant d’enfants sans aucun prosélytisme. Confronté à la barbarie nazie, tout en gardant des contacts avec des groupes de résistants, il a su rester fidèle à sa devise : "Servir l’ Eternel en servant le prochain". Et c’est dans ce sens que des enfants de la familles Bengel, réunis autour de sa sœur, Mme Cécile COSTELLA, ont conclu en affirmant : "Bengel nous sommes, Bengel nous resterons !"
Il revint à Monsieur Raphaël ASSAS, Consul Général
d’Israël à Paris, de remettre la médaille de Juste
parmi les Nations à Mme COSTELLA pour honorer ainsi son défunt
frère qui a su montrer comment l’homme peut se lever contre la
barbarie et privilégier ainsi l’esprit d’humanité
qui habitait profondément en lui.
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