Les textes les plus récents sont en français ou en allemand, auxquels s'ajoute le plus souvent un court texte en hébreu. Il est évident que l'on retrouve là le destin torturé de l'Alsace-Lorraine déchirée entre la France et l'Allemagne.
A titre d'exemples, nous allons étudier trois inscriptions, particulièrement caractéristiques, successivement en français, en hébreu, en allemand. Il s'agit des tombes de Eugénie Weill, décédée le 29 novembre 1859, de celle du Rabbin de Sarreguemines Samuel Bernheim, décédé le 3 Chevat 5658 (le 26 janvier 1898) et de celle de Pauline Reh, née Lévy, décédée le 22 septembre 1906.
Ci-gît
EUGENIE, fille de WEILL professeur, décédée le 29 Nov.1859 à l'âge de 9 ans et 10 mois Grâces de l'enfance, Intelligence précoce, de tous les dons qui te paraient, ô ma fille, je pleure surtout cette bonté si pure, si délicieuse, ce sentiment qui inondait ton cœur, élevait ton âme au-dessus de ton âge, et qui rend impérissable le souvenir de ta perte cruelle. |
Ici est enterré la couronne de Torah était sur sa tête, en D. vivant s’est attachée son âme, il apporta à son peuple un bon enseignement, sa parole soutint les mains affaiblies et les genoux chancelants, connut la peine et resta dans sa souffrance jusqu'à ce qu'il s'éleva dans le ciel, car il était resté dans son épreuve ne s'agit-il pas de notre maître et notre rabbin dans la sainte communauté de Sarreguemines et ses dépendances le Rabbin Samuel fils du Rabbin Naphtali BERNHEIM Il est allé pour son éternité le 3 shevat et enterré le 5 shevat de l'année 858 du petit comput. Que son âme soit liée au faisceau des vivants. |
Zum Andenken
an meine arh so theure Mutter Pauline Reh geb. Levy geb. d, 1. Juni 1844 gest, d. 22. Sept, 1906 Mage sie in Frieden ruhen ! Schlafe sanft im kühlen Schoss der Erde
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En mémoire
de ma si chère et regrettée mère Pauline Reh née Levy née le ler juin 1844 décédée le 22 septembre 1906 Qu'elle repose en paix ! Dors paisiblement dans les fraîches entrailles de la terre
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Né en 1822, Lion GRUMBACH, banquier à Sarreguemines, devient membre
du Conseil municipal, A ce titre, il fait partie, en 1871, de la délégation
envoyée par ce Conseil auprès du Chancelier Bismarck. La mission
de cette délégation est d'obtenir le maintien, à Sarreguemines,
du tribunal dont l'existence est menacée. Cette mission est couronnée
de succès comme l'attestent les remerciements que le Conseil adresse
à Bismarck le 2 juin 1871.
Le 1l mai 1877, i1 est nommé maire, par le gouvernement allemand, en remplacement de Jaunez dont certains propos pro-français avaient déplu. Le journal Saargemünder Zeitung du jeudi 31 mai 1877 rend compte de cette nomination dans les termes suivants :
" AMTLICHE NACHRICHTENIl reste maire jusqu'au ler décembre 1881, et meurt le 26 mai 1890.
Se, Majestät der Kaiser haben den Gemeinderath Lion Grumbach, Banquier in Saargemünd im Bezirk Lothringen, zum Bürgermeister, den Gemeinderath Mathias Müller, Schnittwaarenhändler daselbst, zum ersten Beigeordneten und den Gemeinderath Johann Franz Sibeth, Kaufmann daselbst, zum zweiten Beigeordneten dieser Gemeinde zu ernennen geruht."
"Der Rabbiner der hiesigen israelitischen Gemeinde, Herr Bernheim, ist heute Morgen infolge eines Schlaganfalles plötzlich aus dem Leben geschieden"Comme le confirme le faire-part de la communauté israélite de Sarreguemines, le Rabbin Bernheim est décédé brutalement suite à une attaque cardiaque.
Mais cette langue elle-même a pris une "couleur locale" sous la forme du judéo-alsacien auquel nous devons, en particulier, des dénominations originales pour désigner le cimetière : celui-ci est appelé "Bäjsaulem" ou "Maison de l'Eternité", "Bäjs'hajem", ou "Maison de la Vie". I1 s'agit là d'une affirmation du primat de la vie, du triomphe de la continuité sur la déchirure, comme le montrent d'ailleurs les nombreux symboles que nous avons pu étudier, Dans un cimetière juif, la mort apparaît comme la vie continuée ; c'est un lieu de sérénité où la nature reprend rapidement ses droits sur les œuvres humaines. C'est la nature qui semble faire également le lien entre ceux qui reposent ici, et ceux qui fidèlement viennent se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres, réalisant ainsi le souhait exprimé par la phrase "Tehi nafsho zerura bizror ha-'hayim" ("Que son âme soit liée au faisceau des vivants") que l'on trouve fréquemment gravée sur les stèles.
Si nous arrêtons ici notre travail, cela ne signifie de loin pas que nous le considérons comme achevé ; il reste encore beaucoup de choses à faire et à dire au sujet du cimetière juif de Frauenberg. Nous avons simplement suivi ce conseil du Traité Aboth : "Tu n'es pas obligé d'achever l'ouvrage, mais tu n'es pas libre de t'y soustraire".
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